ODE À LA GLANDE
Mes yeux ont un sourire satisfait devant
l'heure affichée,
Il est doux ce matin, je me lève
dans le rien.
Mes pensées se vident lentement sur
le plafond blanc,
il est midi, il est grand tant de tuer
l'oreiller.
Mon pied affamé tire mon ventre
jusqu'aux tartines.
Le lait est chaud, le chocolat attend
d'être noyé,
et le pain s'enduit de beurre ou de
confiture.
Les odeurs montent à
l'échelle jusqu'à mes narines.
Le canapé de ses bras de velours
m'attrape.
Des coussins bariolés me coincent
sous un plaid,
seules ma tête et une main sortent de
l'amas de tissus.
Il reste tant d'heures à ne rien
faire, je me gratte.
Un livre traîne sur la table, je me
le mange.
Derrick habillé de vert me parle par
derrière.
Les boutons de la
télécommande s'affolent.
Ma gorge elle, crie délice sous le
jus d'orange.
Un orang-outan prend un taxi à
Budapest,
en zappant trop vite les images deviennent
magiques.
Mes doigts se fatiguent sur un Colombo, et
s'arrêtent.
Mes yeux se décrochent, c'est
l'heure de la sieste.
J'ai changé de décors, une
fille danse dans la brume
une musique molle, la télé
d'un clic devient noire.
Derrière la fenêtre, le soleil
colore les arbres.
Dans le ciel au-dessus des toits
apparaît la lune.
Mes mains courent le longs des murs et
ouvrent le frigo
Une tranche de jambon vient s'habiller d'un
pain
Et un verre posé là est
surpris d'être rempli de bière
Ma bouche fait taire ce grossier estomac
qui hurle trop
Je rêve de coussins mous tout autour
de moi
Mes jambes se hissent horizontales sur la
table
La maison se met à chanter de la
musique
une BD s'effeuille tranquille sous mes
doigts
Je vois presque les secondes gambader sur
le parquet.
Les aiguilles caoutchouc font patienter le
temps.
Je m'étire, me fait craquer le cou
et respire.
Soudain la douche m'appelle, cela me
pendait au nez.
Le front sur le carrelage, je me glisse
sous l'eau.
Elle m'enveloppe, me caresse de sa source
chaude
Le savon me lave d'olives et d'amandes
douces
Des bulles viennent mener ballet sur ma
peau
Un caleçon orange, des chaussettes
violettes,
une chemise verte, un pantalon rouge,
et une paire de chaussures assorties
s'impatientent.
Vite, le soleil, le soleil, crient-ils
à tue têtes !
Je sors enfin, l'air est frais sur ma nuque
mouillée,
Les lampadaires sont allumés, c'est
déjà la nuit.
Mes vêtements sont
déçus, mais moi je siffle,
C'est bientôt l'heure de retrouver
mon ami l'oreiller.
Balder (novembre 2007)
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Leclerc avait décidé de
riposter, il ne serait pas en reste, il en avait fait le
serment. Et si sa stratégie de séduction,
à faire saliver les plus méfiants, n'y suffisait
pas, il en rajouterait une louche, de la tarte à la
crème s'il fallait, confondre avec un fondant
irrésistible le porte-monnaie qui grince sous la main de
la gourmandise, il avait décidé de se placer
de façon à eclipser son adversaire, il avait
mis la main à la pâte et donné du grain
à moudre, ça rend plus crédible et
surtout, il avait pris soin de ne pas contrarier le
porte-monnaie qui, lui n'avait rien demandé. Cela
faisait longtemps qu'il mijotait son plan et son credo
était simple : être là où il fallait
pour se faire repérer. Ce que l'histoire ne dit pas
c'est si son adversaire en a fait une indigestion...
Amel Zmerli (novembre 2007)
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J’ai jamais cru au prince charmant.
Mes copines oui.
Il serait beau, riche, intelligent et
drôle. Elles disaient ça.
Je ne croyais pas au père noël
non plus. En rien. Ni en dieu.
J’avançais comme ça, au
hasard. Ça n’existe pas le hasard, elles disaient.
Tout ce qui t’arrive dans la vie, c’est un signe.
C’est pas pour rien. Ah…
Alors j’avançais. Juste
ça.
Il y en a une qui a divorcé,
l’autre il est mort, et la troisième elle en est
à son cinquième.
Elles y croient encore. C’est des
lots de princes charmants, des wagons entiers, avec des
surprises à l’intérieur. Ils sont
fabriqués en Chine. Avec des OGM dedans.
Mais elles y croient toujours.
En marchant, la tête en l’air,
ma promenade n’avait aucun sens, j’ai
regardé autour de moi. Je cherche les signes au cas
où.
Et puis j’ai croisé un homme.
Sophie Poirier (novembre 2007)
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Aujourd’hui,
Tout le monde peut dire
Qu’on est de moins en moins
chéri,
Que rien ne vaut la peine,
Que les miracles sont des enfantillages,
Que Dieu nous ait tourné le dos,
Que nous, ses poux,
Que la flamme approche,
Que nous ne méritons rien,
Que la terre ne s’en
débarrasse,
Que l’on ne s’attende à
cette fin,
Qu’il n’y ait plus
d’espoir,
Qu’il n’y ait plus moyen de
s’en sortir,
Que c’est pas nous les responsables,
Que c’est pas nous les responsables,
Nom de nom, pas les responsables,
Mais personne
Ne peut le vérifier
Mark Mulligan (novembre 2007)
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Le filet de bar
Vous êtes un homme. Ou la femme d'un
homme.
Vous m'avez sans doute déjà
remarquée.
Vous savez qui je suis.
Je me présente quand même.
Je suis le filet de bar.
Filet de bar : que drôle de
métier. Ou de fonction ? me demanderez-vous. Ce n'est
pas que j'y puisse quelque chose. Jamais je n'ai eu vocation
à le devenir. Au départ, je suis une jeune femme
tout à fait ordinaire, ni limande ni morue, avec du
charme certes, ce qu'il faut là où il faut, mais
pas de quoi devenir Miss Univers. Et c'est par hasard que je me
suis retrouvée, un jour, dans un débit de
boissons doublé d'une brasserie, après y avoir
pénétré comme on entre dans une jungle
où il faudrait tout explorer. Après avoir
caressé la vaste salle de mes grands yeux ouverts, j'ai
choisi, en désespoir de cause, de me percher sur un des
sièges qui entourent le zinc.
Aussitôt juchée sur mon
piédestal, j'ai croisé haut - question de confort
- mes jambes revêtues de bas résille.
Aussitôt, un homme à l'air requin est venu vers
moi. Je ne suis pas encore dans mon assiette : c'est la
première fois pour moi, il m'a fallu apprendre. Mais le
requin sait très bien me dégeler. Les mots lui
viennent facilement, prenez place, faites comme chez vous, que
puis-je vous servir ? Une menthe à l'eau, parfait.
Ça va avec vos yeux, a-t-il cru bon d'ajouter. Je m'en
suis trouvée tellement bien que j'ai commencé
à sourire d'un air à la fois béat et
gourmand.
Tellement bien, aussi, que j'ai fini par
prendre un emploi de serveuse dans l'établissement.
Alors il vous aurait fallu voir comment les
hommes m'ont regardé.
Alors il vous aurait fallu comment les
femmes des hommes m'ont regardée, et ont regardé
leurs hommes.
Tous ces yeux mâles qui m'avalent du
regard.
Tous ces yeux femelles qui me vomissent.
Les hommes paraissent prêts à
plaquer toutes les casseroles qu'ils traînent depuis trop
longtemps, simplement pour me faire un sort. A défaut de
pouvoir passer à l'acte, ils me dévorent toute
crue, comme un sushi que l'on mastique consciencieusement afin
d'en sortir tout le suc. Filet de bar efficace, j'attrape dans
mes mailles tous les drôles d'oiseaux amoureux en jouant
de mes lèvres rouges et de ce lamparo fallacieux qu'est
mon regard. La vie, la vraie, pour eux, c'est moi.
Et j'aime ça.
J'aime ces regards d'hommes qui, alors que
je passe entre les tables, porteuse de consommations, me
glissent dessus comme l'eau sur les écailles d'un
poisson. Tous ces mâles, à la fois désireux
que leur attention ne se distingue pas trop et certains
d'être aperçus, remarqués
même…
J'aime aussi voir endêver ces femmes,
baleines repues qui me donnent l'air de vouloir me faire
débarrasser le plancher d'un coup de spatule bien
ajusté. Impuissantes à calmer la soudaine
fringale de leurs hommes, elles déversent toute leur
bile sur moi. Moi dont le seul défaut est de jeter sur
tous ces hommes affamés ou assoiffés un regard
bienveillant, avenant même, et d'attraper,
peut-être, quelque poisson clown ou mérou de
cinéma qui finira dans mon assiette tout en croyant me
faire passer, moi le filet de bar, à la poêle
à frire.
A tous ces êtres baignant dans leur
pot au noir de visqueuse déprime, je n'ai qu'une
question à poser. Pas besoin de s'étendre,
d'allonger la sauce. La lippe illuminée par un sourire
gras et appétissant, l'œil vert teinté de
scintillante espièglerie, la pommette haute, je me
contente de susurrer, d'une voix chaude et fondante que je
laisse couler dans leur oreille :
- Comme plat du jour, vous prendrez le
filet de bar ?
Daniel Fattore (novembre 2007)
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57ème Donatrice: Hélène Lefébure
Septembre en chambre. Je fixe un
plafond sans fond depuis une moitie de lit au coeur d'une
pièce sans liesse. La réalité tente de me
rattraper: je lutte pour conserver ma folie.
Some day I'll fly away.
Je suis formatée: j'attends du
neuvième mois qu'il m'apporte du neuf. A ma porte, que
du vieux. Telle une Rapunzel aux cheveux courts, j'aspire au
bleu du ciel depuis ma tour.
Some day I'll fly away.
Qui serai-je aujourd'hui? Ma penderie
m'embarrasse de choix qui ne sont pas moi.
Some day I'll fly away
Hélène Lefébure
(novembre 2007)
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59ème Donateur : Jonathan Hech
De souvenirs de création en
création de souvenirs
Il est 6h00 mes paupières s ouvrent
Mon corps se dresse avec le soleil
J écris ton prénom sur une
feuille à rouler, je le consume devant un café
Et passe la journée à t
oublier.
Je te retrouve il est 20h00
Nous déserrons nos montres au
poignets
Jetons nos montres dans la cheminée
Nos mots à sons au fil de soi se
nouent, ils dansent jusqu à l ivresse et nous renversent
sur le lit.
Nos habits se désavouent lentement
To
Mb
en
T en silence comme peau morte
A présent, ô présent je
me sens glaise impatiente de me sentir préssée
Je troue, tu lisses
Tu lisses, je troue au toucher de nos
râles
Le rêve dit sonne en nous
éveillent
Musique nos cordes sensibles émois
Qui résonnent en jeu de langue
Âge indifférent,
croisée de l enfance et de la sagesse
Où le détour fait route
Je rejoins ton corps vibrant
Et ton c,,ur s ouvre amoureusement
A la lumière d un candélabre
Ma peau te frôle, mes lèvres,
mes doigts
Ma peau te serre et rentre en toi
La lumière à peine des
bougies animent tes courbes endormies
Vacille et danse sur ton corps
Peignons ensemble ! à quatre mains,
Nos corps palette de frissons
Dessinent une ville enchantée
Promeneurs égarés dans la
seule vérité
A l ombre d un monde que nous quittons
Ou qui nous quitte plutôt
Je te rêve, tu me rêves et nous
nous réalisons en même temps
L instant nous dit : a jamais !
Sa répétition le
répète étrangement
Et Jamais plus ! n est plus dans tes bras
Il est 6h00 mes paupières s ouvrent
Je cultive l instant cité et je
désire en faire
Délice
Un royaume itinérant pour mon
inspiratrice
De souvenirs en création de
souvenirs, J adresse ce message à qui fera mes mots
siens, jf peut être peut...
Jonathan Hecht dit Casanova.net (novembre
2007)
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Sur le canapé rouge
Usé par tant
d’étreintes
Tu porteras mon corps
J’étirerai les bras
En appel de tendresse
Je t’offrirai ma bouche
Vénéneuse
Et gourmande
Tu glisseras tes mains
Dessus mes hanches
houleuses
Et mon ventre frémira
En attente d’aimer
Tu défroisseras
le rouge coquelicot
caché dans le buisson
ardent
de nos désir
Puis endormie,
apaisée
je serai ta nuit douce,
en rêves prometteurs,
tendresses nouvelles
sur le canapé rouge
de nos amours passées
Juliette Beaudroit (novembre 2007)
http://orchis-mauve.mabulle.com (spécial poésie)
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