En ce moment dans le parc de la
vallée des singes ce qui se passe c'est qu'il y a un
écrivain de polar qui reçoit une commande de son
éditeur, il doit aller y faire une résidence pour
écrire un truc atroce, un truc avec des crimes contre
l'humanité, un truc dans lequel une fondation est
montée qui est une fondation qui récolte les
croûtes sécrétées par les crimes
contre l'humanité qui sont perpétrés dans
la vallée des singes, hop retour à la nature dans
la vallée des singes avec fondation pour les
croûtes à la clé.
Alors évidemment ce qui devait
arriver arriva, puisque l'écrivain en question se met
à faire un polar expérimental de chez
expérimental. A un moment donné il annonce
à son éditeur que son polar sera tellement
expérimental que ce sera pas un livre mais du land-art
pur et dur, du land-art qui réunit ensemble le concept
de polar, le concept de croûte, le concept de crime
contre l'humanité et le concept de retour à la
nature. En effet qu'est-ce qui se passe ? Hé bien
l'écrivain en question compte le nombre de singes qu'il
y a dans le parc via le site internet du parc et hop quand il
se pointe à sa résidence dans le parc de la
vallée des singes, hé bien il se pointe avec un
camion, un camion qu'il planque quelque part dans le parc
naturel, un camion fermé à clé.
Il se pointe aussi avec une armée de
philosophes et une armée de scientifiques. Les
philosophes sont des philosophes
hyper-spécialisés dans des questions cruciales
telles que le rapport à la nature et le crime contre
l'humanité, et les scientifiques sont
hyper-spécialisés dans l'expérimentation
avec les animaux, ce sont des mecs qui ont déjà
expérimenté par exemple des techniques pour
apprendre aux singes à piloter des avions et des trams.
A ce moment-là les philosophes
proposent aux scientifiques d'apprendre aux singes à
tronçonner : ils leurs disent : ça peut toujours
servir, apprendre à tronçonner c'est vraiment
roots, vraiment retour à la nature.
Les singes apprennent à
tronçonner, tout se passe bien puis arrive ce qui devait
arriver puisqu'arrive dans le parc de la vallée des
singes une bande de businessmen redoutables, une bande de
copains businessmen qui ont cette particularité que
d'être zoophiles, et qui ont décidé de
louer pour eux tous seuls le parc de la vallée des
singes.
Là évidemment à ce
moment-là de l'histoire l'écrivain de polar se
dit : ça y est je tiens le début du fil de mon
polar land-art expérimental, je vais travailler dans
l'immanence, et les philosophes lui conseillent d'ailleurs
« d'ouvrir son polar à l'événement
de la venue » de cette bande d'amis redoutables
businessmen.
Le soir dans le restaurant du parc on voit
comme ça la bande de businessmen être
complètement défoncés, ils matent des
films de cul zoophiles en tripotant sexuellement des
enfants-singes prostitués mis à leur disposition,
et à un moment donné ce qui se passe c'est qu'ils
remarquent qu'ils ne sont pas seuls dans le restaurant, qu'il y
a aussi un mec dans le fond de la salle, un mec lui aussi
complètement défoncé.
Evidemment tout de suite ils insultent le
mec, ils essayent de l'intimider, ils lui disent des trucs du
genre : écoute mon gars, nous avec tout notre fric
hé bien on te tient par les couilles, tu comprends
ça ? tu comprends qu'avec tout le fric qu'on a, on te
tient vraiment par les couilles ? alors tu fermes ta gueule et
tu nous mates vaquer à nos perversions
complètement dégénérées sans
broncher, ok ? tu fermes ta gueule, tu réponds pas, nous
avec notre pognon on te tient complètement par les
couilles, vu ? tu fermes ta gueule et tu obéis.
Le mec ferme sa gueule, il obéit
mais en même temps il leur écrit une lettre, dans
laquelle il explique qu'il est un écrivain de polar
complètement dégénéré et
expérimental, et que là en ce moment hé
bien ce qui se passe c'est qu'il est désolé mais
qu'il a l'habitude de travailler dans l'immanence et que donc
eux, eux la bande de zoophiles
dégénérés businessmen, font partie,
malgré eux, du polar expérimental qu'il est
occupé à construire, ici maintenant dans le parc
naturel de la vallée des singes.
Alors là évidemment s'engage
un dialogue de sourds puisque les businessmen disent à
l'écrivain : ta gueule, nous on te tient par les
couilles avec notre fric, alors ta gueule, vu ?; nous on est
ici pour baiser des singes, pas pour participer à tes
conneries expérimentales qui ressemblent à rien,
vu ? on en a rien à foutre de ta littérature de
pédé, nous on est ici pour jeter du sperme dans
la tronche des singes prostitués, nous ce qu'on veut
c'est baiser la race animale, tu captes ? tu captes qu'on a les
moyens de s'offrir un parc entier de singes, qu'on peut
enfoncer notre sperme là où on veut ? alors ta
poésie à deux balles, tu te l'enfonces loin dans
le cul et tu la fermes avec tes concepts d'immanence et
d'expérimentations, vu ?
Là dessus on se rend compte que
c'est vraiment un dialogue de sourds vu que l'écrivain
en question leur répond en expliquant qu'en fait il
travaille autour du concept de crime contre l'humanité,
et qu'à l'heure qu'il est toute une équipe de
philosophes hyper-pointus travaille de concert avec toute une
équipe de scientifiques éthologues
hyper-spécialisés en singes autour d'un
atelier-philo qu'ils font en ce moment même avec les
singes du parc.
Il leur explique qu'il est
désolé mais qu'à l'heure où il leur
parle, les éthologues et les philosophes sont
occupés à spéculer autour du concept de
crime contre l'humanité avec les singes du parc, le tout
dans une optique de polar land-art expérimental qui se
déroule dans l'immanence du parc de la vallée des
singes, et dont le titre sera : la vallée des
croûtes.
Il leur explique tout ça mais les
businessmen n'ont pas le temps de répliquer que
déjà, en un instant magique où tout
bascule, un des scientifiques déboule, accompagné
d'un des philosophes, tous deux en sueur, pour annoncer en
bégayant qu'ils ne comprennent plus rien, que les singes
sont devenus fous, qu'en fait ils ont interprété
complètement de travers le concept de crime contre
l'humanité, qu'ils ont l'air de s'être mis dans la
tête d'expérimenter ledit concept
littéralement, c'est-à-dire en perpétrant
des crimes atroces contre tout ce qu'ils trouvent d'humain dans
le parc en question.
Evidemment l'écrivain de polar
éclate de rire, tape sur l'épaule du scientifique
et du philosophe en les félicitant pour leur travail, il
leur dit qu'ils ont vraiment bien bien bossé, qu'il est
vraiment très content du résultat, et que
maintenant le polar land-art va enfin pouvoir commencer comme
il faut.
Les businessmen cessent de tripoter les
enfants-singes prostitués, se resservent du vin puis
encore du vin, hop l'écrivain aussi se ressert pas mal
de vin puis il explique aux businessmen qu'il est
désolé mais qu'ils sont désormais
enfermés dans le parc de la vallée des singes,
qu'ils font désormais partie intégrante d'une
œuvre de land-art expérimental dont le titre est :
« la vallée de la croûte », et que la
seule chose qu'il peut faire pour eux c'est de leur donner une
clé, qui est la clé d'un camion qu'il a
planqué quelque part dans le parc, et que ce camion est
rempli de tronçonneuses, qui pourraient bien venir
à point pour se défendre contre les singes qui
voudraient perpétrer des crimes contre leur
humanité.
Il leur donne la clé, les
businessmen redoutables et pervers foncent avec le philosophe
et le scientifique à la recherche du camion tandis que
lui part direction l'atelier-philo expliquer à
l'équipe des scientifiques et des philosophes qui tente
tant bien que mal de contenir les singes assoiffés de
sang et de croûtes qu'il connaît peut-être un
moyen d'empêcher les singes de perpétrer leurs
atrocités.
Il arrive et il leur explique qu'il a
garé dans le parc un camion rempli de bananes, qu'il
suffirait d'indiquer aux singes où ce camion se trouve
et de leur donner la clé du camion, qu'ils ouvrent le
camion et se ruent tous dedans, après quoi, boum il
suffirait de fermer la porte et l'affaire serait
réglée.
La suite c'est l'œuvre d'art
proprement dite, nommée très justement : la
vallée de la croûte.
Antoine Boute (novembre 2007)
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Les essuie-glaces raclaient le pare-brise.
Machinalement, d’un coup
d’index, il fit pivoter la molette du
son pour écouter le flash
d’actualité mais il
écouta à peine. Le feu tardait à passer au
vert,
il regarda les affiches
détrempées qui bordaient le carrefour. Leurs
peaux de papier luisaient sous les reflets
des lampadaires comme
celle d’une truite à peine
sortie du bassin. Pourquoi pensait-il
précisément à une
truite ?
En transparence on pouvait voir les strates
d’autres images plus
anciennes qui remontaient à la
surface, on auraient dit des
sérigraphies de Rauschenberg.
« Oui à la pilule nouvelle
génératio... » déclamait celle-ci,
« Brioche tressée…Réveillez-vous avec
ses
courbes exquises » pouvait-il lire
sur cette autre…
Ben voyons ! Et pourquoi pas «
Brioche stressée de la nouvelle
génération aux pilules
exquises ? » ou « Révélez ses pilules
exquises aux courbes de … »
Quelqu’un klaxonna, le feu
était vert. Il démarra en maugréant :
« Contre les courbes excises, oui
à la pilule nouvelle… »
Les phares balayaient la herse des gouttes
comme pour la chasser.
Plus loin sur le trottoir opposé il
remarqua enfin ce qu’il était
venu chercher à cette heure tardive
dans la zone commerciale du sud.
Il ralentit et fit demi-tour. Le halo des
phares accrocha les
silhouettes frêles quasiment nues
sous la pluie. Il s’arrêta à le
hauteur de l’une d’elle, baissa
la vitre. Tandis qu’elle
s’approchait de la portière il
eut le temps de lire sur l’affiche à
laquelle elle était adossé
« Ventre à prix coûtant !!! ».
Philippe Agostin (novembre 2007)
http://etaton.com (site)
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- « BEN HUR
PLUS GRAND QUE LA LEGENDE »
…et plus con que la moyenne !
- Quel mauvais esprit tu fais.
- Non, réaction spontanée. Je
lis, je réagis.
- On attend de toi de la belle
écriture. Pas ces termes de charretier.
- Charrette ou pas, qu'il arrête son
char, le graphiste. Ca ne marche pas, avec moi.
- Ca marche avec d'autres. Toi, tu ne
marches pas droit.
- J'ai le droit de la trouver bidon, son
affiche. Autant taper sur des bambous.
- Et ça te fait marrer.
- Oui. Pourquoi ? Je devrais pas ? Bouh,
j'ai peur… Gla gla. Dis à l'auteur qu'il peuvent
aller se rhabiller, lui et son bodybuildé ! J'irai pas
voir. Même au Stade de France avec ta mère en
short !
- D'autres iront.
- Bien sûr. Comme la meute va au
foot. Comme la meute réclame une mise à mort. Et
que dans l'hystérie générale, Monsieur
Duchnock se débrouille même pour jouer des coudes
et filer un ou deux coups de pied sur l'objet, même pas
le sujet, de la haine collective.
- Comme tu y vas !
- Justement non.
- Il ne s'agit que d'un spectacle.
- Que le spectacle continue. Mais sans moi.
- Tu es qui, toi d'abord, pour discourir
comme ça ?
- J'en sais rien. Y'a pas de nom avant les
tirets.
- Ben mince alors. J'avais pas
remarqué. On parle pour ne rien dire, alors ?
- J'en ai bien l'impression.
- Ben, c'était vraiment pas la peine
de nous lire.
- Oui. C'est Duchnock qui va être
content.
- Bon… On fait quoi ? On tourne la
page ?
- Oui. On va voir ailleurs si on y est.
- Pfiou. On va encore y laisser des plumes,
dans cette histoire…
co errante (novembre 2007)
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déplacements
de la baisse des couleurs
jivezi
(novembre 2007)
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Poète pliant pour les coffres
on ne voit pas la couleur de tes yeux
Hisses tu le siège de tes
réflexions inflorescentes
que tes nerfs dans la cuisine pendent
Poète pliant pour les offres
on ne voit pas l'Amérique de peu
Regardes tu le sofa de la douce insomnie
que tes membres aussitôt se rebiffent
Poète pliant et puis Joffre
la rétine et le biberon.
Ohobe (novembre 2007)
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