53ème Donateur : Balder (réalité n°5627)

ODE À LA GLANDE

Mes yeux ont un sourire satisfait devant l'heure affichée,
Il est doux ce matin, je me lève dans le rien.
Mes pensées se vident lentement sur le plafond blanc,
il est midi, il est grand tant de tuer l'oreiller.

Mon pied affamé tire mon ventre jusqu'aux tartines.
Le lait est chaud, le chocolat attend d'être noyé,
et le pain s'enduit de beurre ou de confiture.
Les odeurs montent à l'échelle jusqu'à mes narines.

Le canapé de ses bras de velours m'attrape.
Des coussins bariolés me coincent sous un plaid,
seules ma tête et une main sortent de l'amas de tissus.
Il reste tant d'heures à ne rien faire, je me gratte.

Un livre traîne sur la table, je me le mange.
Derrick habillé de vert me parle par derrière.
Les boutons de la télécommande s'affolent.
Ma gorge elle, crie délice sous le jus d'orange.

Un orang-outan prend un taxi à Budapest,
en zappant trop vite les images deviennent magiques.
Mes doigts se fatiguent sur un Colombo, et s'arrêtent.
Mes yeux se décrochent, c'est l'heure de la sieste.

J'ai changé de décors, une fille danse dans la brume
une musique molle, la télé d'un clic devient noire.
Derrière la fenêtre, le soleil colore les arbres.
Dans le ciel au-dessus des toits apparaît la lune.

Mes mains courent le longs des murs et ouvrent le frigo
Une tranche de jambon vient s'habiller d'un pain
Et un verre posé là est surpris d'être rempli de bière
Ma bouche fait taire ce grossier estomac qui hurle trop

Je rêve de coussins mous tout autour de moi
Mes jambes se hissent horizontales sur la table
La maison se met à chanter de la musique
une BD s'effeuille tranquille sous mes doigts

Je vois presque les secondes gambader sur le parquet.
Les aiguilles caoutchouc font patienter le temps.
Je m'étire, me fait craquer le cou et respire.
Soudain la douche m'appelle, cela me pendait au nez.

Le front sur le carrelage, je me glisse sous l'eau.
Elle m'enveloppe, me caresse de sa source chaude
Le savon me lave d'olives et d'amandes douces
Des bulles viennent mener ballet sur ma peau

Un caleçon orange, des chaussettes violettes,
une chemise verte, un pantalon rouge,
et une paire de chaussures assorties s'impatientent.
Vite, le soleil, le soleil, crient-ils à tue têtes !

Je sors enfin, l'air est frais sur ma nuque mouillée,
Les lampadaires sont allumés, c'est déjà la nuit.
Mes vêtements sont déçus, mais moi je siffle,
C'est bientôt l'heure de retrouver mon ami l'oreiller.  

Balder (novembre 2007)
54ème Donatrice : Amel Zmerli (réalité n°1983)

Leclerc avait décidé de riposter, il ne serait pas en reste, il en avait fait le serment. Et si sa stratégie de séduction, à faire saliver les plus méfiants, n'y suffisait pas, il en rajouterait une louche, de la tarte à la crème s'il fallait, confondre avec un fondant irrésistible le porte-monnaie qui grince sous la main de la gourmandise, il avait décidé de se placer de façon à eclipser son adversaire, il avait mis la main à la pâte et donné du grain à moudre, ça rend plus crédible et surtout, il avait pris soin de ne pas contrarier le porte-monnaie qui, lui n'avait rien demandé. Cela faisait longtemps qu'il mijotait son plan et son credo était simple : être là où il fallait pour se faire repérer. Ce que l'histoire ne dit pas c'est si son adversaire en a fait une indigestion...

Amel Zmerli (novembre 2007)
55ème Donatrice : Sophie Poirier (réalité n°5628)

J’ai jamais cru au prince charmant.
Mes copines oui.
Il serait beau, riche, intelligent et drôle. Elles disaient ça.
Je ne croyais pas au père noël non plus. En rien. Ni en dieu.
J’avançais comme ça, au hasard. Ça n’existe pas le hasard, elles disaient. Tout ce qui t’arrive dans la vie, c’est un signe. C’est pas pour rien. Ah…
Alors j’avançais. Juste ça.
Il y en a une qui a divorcé, l’autre il est mort, et la troisième elle en est à son cinquième.
Elles y croient encore. C’est des lots de princes charmants, des wagons entiers, avec des surprises à l’intérieur. Ils sont fabriqués en Chine. Avec des OGM dedans.
Mais elles y croient toujours.
En marchant, la tête en l’air, ma promenade n’avait aucun sens, j’ai regardé autour de moi. Je cherche les signes au cas où.
Et puis j’ai croisé un homme.

Sophie Poirier (novembre 2007)
56ème Donateur: Mark Mulligan (réalité n°2973)

Aujourd’hui,
Tout le monde peut dire
Qu’on est de moins en moins chéri,
Que rien ne vaut la peine,
Que les miracles sont des enfantillages,
Que Dieu nous ait tourné le dos,
Que nous, ses poux,
Que la flamme approche,
Que nous ne méritons rien,
Que la terre ne s’en débarrasse,
Que l’on ne s’attende à cette fin,
Qu’il n’y ait plus d’espoir,
Qu’il n’y ait plus moyen de s’en sortir,
Que c’est pas nous les responsables,
Que c’est pas nous les responsables,
Nom de nom, pas les responsables,
Mais personne
Ne peut le vérifier

Mark Mulligan (novembre 2007)
58ème Donateur: Daniel Fattore (réalité n°5549)

Le filet de bar

Vous êtes un homme. Ou la femme d'un homme.
Vous m'avez sans doute déjà remarquée.
Vous savez qui je suis.
Je me présente quand même.
Je suis le filet de bar.
Filet de bar : que drôle de métier. Ou de fonction ? me demanderez-vous. Ce n'est pas que j'y puisse quelque chose. Jamais je n'ai eu vocation à le devenir. Au départ, je suis une jeune femme tout à fait ordinaire, ni limande ni morue, avec du charme certes, ce qu'il faut là où il faut, mais pas de quoi devenir Miss Univers. Et c'est par hasard que je me suis retrouvée, un jour, dans un débit de boissons doublé d'une brasserie, après y avoir pénétré comme on entre dans une jungle où il faudrait tout explorer. Après avoir caressé la vaste salle de mes grands yeux ouverts, j'ai choisi, en désespoir de cause, de me percher sur un des sièges qui entourent le zinc.  
Aussitôt juchée sur mon piédestal, j'ai croisé haut - question de confort - mes jambes revêtues de bas résille. Aussitôt, un homme à l'air requin est venu vers moi. Je ne suis pas encore dans mon assiette : c'est la première fois pour moi, il m'a fallu apprendre. Mais le requin sait très bien me dégeler. Les mots lui viennent facilement, prenez place, faites comme chez vous, que puis-je vous servir ? Une menthe à l'eau, parfait. Ça va avec vos yeux, a-t-il cru bon d'ajouter. Je m'en suis trouvée tellement bien que j'ai commencé à sourire d'un air à la fois béat et gourmand.
Tellement bien, aussi, que j'ai fini par prendre un emploi de serveuse dans l'établissement.
Alors il vous aurait fallu voir comment les hommes m'ont regardé.
Alors il vous aurait fallu comment les femmes des hommes m'ont regardée, et ont regardé leurs hommes.
Tous ces yeux mâles qui m'avalent du regard.
Tous ces yeux femelles qui me vomissent.
Les hommes paraissent prêts à plaquer toutes les casseroles qu'ils traînent depuis trop longtemps, simplement pour me faire un sort. A défaut de pouvoir passer à l'acte, ils me dévorent toute crue, comme un sushi que l'on mastique consciencieusement afin d'en sortir tout le suc. Filet de bar efficace, j'attrape dans mes mailles tous les drôles d'oiseaux amoureux en jouant de mes lèvres rouges et de ce lamparo fallacieux qu'est mon regard. La vie, la vraie, pour eux, c'est moi.  
Et j'aime ça.
J'aime ces regards d'hommes qui, alors que je passe entre les tables, porteuse de consommations, me glissent dessus comme l'eau sur les écailles d'un poisson. Tous ces mâles, à la fois désireux que leur attention ne se distingue pas trop et certains d'être aperçus, remarqués même…
J'aime aussi voir endêver ces femmes, baleines repues qui me donnent l'air de vouloir me faire débarrasser le plancher d'un coup de spatule bien ajusté. Impuissantes à calmer la soudaine fringale de leurs hommes, elles déversent toute leur bile sur moi. Moi dont le seul défaut est de jeter sur tous ces hommes affamés ou assoiffés un regard bienveillant, avenant même, et d'attraper, peut-être, quelque poisson clown ou mérou de cinéma qui finira dans mon assiette tout en croyant me faire passer, moi le filet de bar, à la poêle à frire.
A tous ces êtres baignant dans leur pot au noir de visqueuse déprime, je n'ai qu'une question à poser. Pas besoin de s'étendre, d'allonger la sauce. La lippe illuminée par un sourire gras et appétissant, l'œil vert teinté de scintillante espièglerie, la pommette haute, je me contente de susurrer, d'une voix chaude et fondante que je laisse couler dans leur oreille :
- Comme plat du jour, vous prendrez le filet de bar ?

Daniel Fattore (novembre 2007)
57ème Donatrice: Hélène Lefébure

Septembre en chambre. Je fixe un plafond sans fond depuis une moitie de lit au coeur d'une pièce sans liesse. La réalité tente de me rattraper: je lutte pour conserver ma folie.
Some day I'll fly away.
Je suis formatée: j'attends du neuvième mois qu'il m'apporte du neuf. A ma porte, que du vieux. Telle une Rapunzel aux cheveux courts, j'aspire au bleu du ciel depuis ma tour.
Some day I'll fly away.
Qui serai-je aujourd'hui? Ma penderie m'embarrasse de choix qui ne sont pas moi.
Some day I'll fly away

Hélène Lefébure (novembre 2007)
59ème Donateur : Jonathan Hech

De souvenirs de création en création de souvenirs

Il est 6h00 mes paupières s ouvrent
Mon corps se dresse avec le soleil
J écris ton prénom sur une feuille à rouler, je le consume devant un café
Et passe la journée à t oublier.

Je te retrouve il est 20h00
Nous déserrons nos montres au poignets
Jetons nos montres dans la cheminée
Nos mots à sons au fil de soi se nouent, ils dansent jusqu à l ivresse et nous renversent sur le lit.
Nos habits se désavouent lentement
                           To
                                  Mb
                                          en
                                           T en silence comme peau morte
A présent, ô présent je me sens glaise impatiente de me sentir préssée
Je troue, tu lisses
Tu lisses, je troue au toucher de nos râles
Le rêve dit sonne en nous éveillent
Musique nos cordes sensibles émois
Qui résonnent en jeu de langue
Âge indifférent, croisée de l enfance et de la sagesse
Où le détour fait route

Je rejoins ton corps vibrant
Et ton c,,ur s ouvre amoureusement
A la lumière d un candélabre
Ma peau te frôle, mes lèvres, mes doigts
Ma peau te serre et rentre en toi
La lumière à peine des bougies animent tes courbes endormies

Vacille et danse sur ton corps
Peignons ensemble ! à quatre mains,
Nos corps palette de frissons
Dessinent une ville enchantée
Promeneurs égarés dans la seule vérité
A l ombre d un monde que nous quittons
Ou qui nous quitte plutôt

Je te rêve, tu me rêves et nous nous réalisons en même temps

L instant nous dit : a jamais !
Sa répétition le répète étrangement
Et Jamais plus ! n est plus dans tes bras
Il est 6h00 mes paupières s ouvrent
Je cultive l instant cité et je désire en faire
Délice
Un royaume itinérant pour mon inspiratrice

De souvenirs en création de souvenirs, J adresse ce message à qui fera mes mots siens, jf peut être peut...

Jonathan Hecht dit Casanova.net (novembre 2007)
60ème Donatrice : Juliette Beaudroit (réalité n°5641)
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Sur le canapé rouge
Usé par tant d’étreintes
Tu porteras mon corps
 
J’étirerai les bras
En appel de tendresse
Je t’offrirai ma bouche
Vénéneuse
Et gourmande
 
Tu glisseras tes mains
Dessus mes hanches
houleuses
Et mon ventre frémira
En attente d’aimer
 
Tu défroisseras
le rouge coquelicot
caché dans le buisson
ardent
de nos désir
 
Puis endormie,
apaisée
je serai ta nuit douce,
en rêves prometteurs,
tendresses nouvelles
 
sur le canapé rouge
de nos amours passées

Juliette Beaudroit (novembre 2007)
http://orchis-mauve.mabulle.com (spécial poésie)

 
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