- Oh … les beaux louis d'or
…
Mais … est-ce possible ? Se peut-il ?
…
que Michel ait oublié sa collection
d'auréoles sur la plage ?
- Encore une illuminée, mais ma
pauvre, t'as pas vu que c'était des Roudor ?
T'as p'têtre cru qu'c'était un
beau trésor ?
Excuse-moi d'te démettre mais t'es
pas à la page
Dieu n'existe plus et ses saints, en fait,
sont des pâtissiers, rien de plus
Tu piges ?
- Et si ça me chante de penser que
Saint Michel prépare des gâteaux divins ?
De toutes manières, c'est toi qui ne
comprends rien
Tout le monde s'en tape des galettes aux
beurres
et du reste
A commencer par toi qui vient me dire ce
que je dois voir, penser, comprendre et croire
Quand est-ce la dernière fois que tu
as accompli une vraiment belle journée ?
Aller, dis-moi, quand ? Quand est-ce
qu'avant d'agir tu n'as pas eu d'arrière-pensées
?
Hein dis ? Quand la dernière fois
que tu as rêvé …
Hein ? Alors tu m'laisses mes images
tranquilles et tu files
Saint Michel il peut bien changer l'or en
Roudor, un vieux coffre défoncé sur une plage
dessinée
avec les p'tits traits qui font
qu'ça brillent … ça m'fait rêver
… et alors ?
J'adore les Roudor, les louis d'or, et les
roudoudous mon chou
T'as quequechose à m'répondre
avec d'la brillance ?
- Ouais, une arrière pensée,
donne-moi ton corps …
C'te affiche me fait rêver…
- D'accord … si tu m'laisses
t'appeler Roudor
- Ca roule … ma belle … comme
sur de l'or
***
Moi, quand je vois une boîte de
Roudor, je fonds,
Je pense à la Bretagne, aux p'tits
bateaux et tout et tout
Alors quand ils sont pris en photos
Je fonds en larmes
Que voulez-vous je ne suis qu'une banale
fleur bleue
je pense au papier qui vient des arbres
A la lentille fragile de l'appareil photo,
à ses yeux de chats
Je pense à mon premier Commodore
à ma première gifle
et mon premier baiser
… :
Je me
souviens, cachée derrière le bâtiment de
l'Administration du
Lycée - mes ennemis
jurés d'alors - de la terre, du ciel qui tournaient
avec les feuilles, de la
clarté des couleurs, de l'ivresse ruisselante
Ardente Patience (octobre 2007)
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Dans le Mir : Couleurs du monde
Rouille de La Ciotat
Bleu lavande de Sault
Rouge délavé de Russie
Vert de Prusse abri de jardin
Jaune de Naples sulfureux
Gris lancé sur le noir enfer de
lance
Cyan poète irlandais
Magenta citrouille italienne
Blanche mémoire des hommes de toutes
couleurs
Brun cascade de sang gelé
Avec les pinceaux de la Poésie je
crache une couleur
et conscient du lèse-majesté
au seigneur soleil
j’écrase mes empreintes dans
la matière
Et le noir en dernière touche efface
mes pas sur la page
et donne la nuit
Benoist Magnat (octobre 2007)
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D’autres fois
Chacun baigne
Assis dans une baignoire grouillante
d’asticots
Les miens glissent tout au long de mes
jambes
Se tortillent
Afin que leur immondice
Me masse l’intérieur des
cuisses
Certains
Plus blancs
Et plus gras que les autres
Je les sens qui s’immiscent dans mon
anus
Voici que je m’enfonce doucement dans
la torpeur
Je gratte mes chairs gangrenées
Mes doigts percent les plaques de pus
Gagnent
Et palpent
La lymphe
Crémeuse
Brutalement je les en extirpe
Ils ont comme des prolongements
Un sillage ondulant de fils jaunes
Dont je me fais un collier
Collant
Et visqueux
Puis
Tel un prestidigitateur
Je les ramène
Ces fidèles
Je les torche sur ma langue acide
C’est une obole de
dépôts
De grumeaux
De lie
De nard
Quelques tronçons de ma langue
A ce contact
Sont arrachés
Alors
Sur mon visage
Se sculpte un sourire calme
Frédéric Bontemps (octobre
2007)
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34ème Donateur : Saber-Michaël Tayebi
Odeur de terre chauffé dans ce
paysage qui ne laisse plus rien voir de la tiédeur
nocturne.L'air qui s'éleve de l'horizon se dissout dans
un miroitement hésitant, qui me fait oublier trente
secondes la delicatesse de ma situation. Ici pas d'assistance
dépannage, pas de gentille opératrice pour je ne
sais quel : « Bien monsieur, de dépanneur va
bientôt arriver »; juste des emmerdements jusqu'au
bord des lèvres. Pas d'idée, pas d'inspiration
pour réparer ce putain de moteur. Quelques outils,
vaguement utilisable et sinon la poussière, le cambouis
et surtout la soif qui me tenaille et grignote mon esprit petit
à petit.
Mon regard baguenaude le long des
fourrés et de la piste qui insolement me montre
d'où pourrait venir mon salut.
Mais rien toujours rien, je
m'assèche.
Saber-Michaël Tayebi (octobre 2007)
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Je crois en l’absence.
Aux pupilles noircies
du néant.
*
Un poème, qu’est-ce
sinon le silence
entre nous?
L’univers pourtant s’y trouve
une étincelle.
*
Une nuit porte
la beauté seule
des étoiles.
Je marche
sans être réellement
des vôtres.
*
Tu es mémoire.
Eau disparue
des sables.
*
Christophe Condelloi (octobre 2007)
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« Communication » ou
« Parlonsmieux, parlons mobile »
« Elle (doucement) : Non, je ne veux pas en parler au
téléphone, mon amour.
Lui (grésillements) : Quoi ?je t’entends mal !
Elle (un peu impatientée) :Je disais, je veux te voir, pour te dire et
t’expli…
Lui (de même) :
…M’expliquerquoi ? Mais qu’est-ce
qu’il y a ? ça va pas ?
Elle (abattue) : Non,
passpécialement, ces temps-ci. C'est que...
Lui (soupir) :
Qu’est-ce quit’arr…
Elle (s’énervant) : Je tedis que je veux pas en parler au
téléphone t’es où ?
Lui (reprenant son calme) :
En voiture, et toi ?
Elle (plus posément) : A lamaison t’ arrives dans
comb…
Lui (un peu angoissé) : …D’ici45 minutes a priori mais je
passe peut-être chez…
Elle (agressive) :
Chez quiencore ? Je te dis que je veux te parler
et…
Lui (sur le même ton) : ...Ouimais commence maintenant, je…
Elle (gros reproche) :
…Je t’aidit pas comme ça, pas au
téléphone, non mais tu m’écoutes pas
ou…
Lui (criant presque) :
Mais si je t’écoute mais…
Elle (plus fort encore) :
Situ m’écoutais vraiment y’aurais pas de
mais et…
Clap
Tut tut tut tut…
Puis simultanément:
Lui (souriant à sa maîtresseassise sur
le siège passager) : La
communication a été coupée.
(souriant plus fort encore) Je diraique c’était à
cause de l’absence de réseau…
Elle (souriant à son amant assis sur le lit) : La communication a été
coupée.(souriant plus grand
encore) Il n'est pas
pressé de rentrer maintenant...»
C’est simple, on a fini par oublier
à quoi sert un téléphone…
Vanessa Saraglia (octobre 2007)
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37ème Donatrice : Marine Lou-Poueyou
Faut pas compter que j’échange
mon chien-chien contre une fève
Mon petit poilu, mon petit dodu
Il adore le gâteau à
l’amande
Et les figues avec le fromage
Mais je ne lui en donne pas souvent.
Le matin on va chercher le pain
Il dit bonjour à la
boulangère et il me perd en route
Parce que je traîne la patte
Et que les siennes le portent
bien…
En l’attendant j’ai
rencontré
Une linotte très empanachée
De vives couleurs peinturlurée
Si j’avais pu la mettre en cage
Elle aurait égayé ma
journée…
J’ai rencontré le conseiller
municipal
Qui n’avait rien à me dire
Sauf que dans ce village personne
n’est concerté
Ni concerné
Tout se fait en cati et en mini
Et la prochaine révolution
C’est pas pour demain
Je l’ai dis à mon chien
Il a été d’accord avec
moi
Comme d’habitude
C’est pour cela que je le garde
Marine Lou-Poueyou (octobre 2007)
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