Pas d’inquiétude pour les
bébés
Voyons
Il auront autour d'eux
Un monde de douceur
Et de plaisir…
A prix coûtant
On casse du bébé
Tu déconnes
Un bébé n’a pas de prix
Ce n’est pas une poupée
Qu’on démantibule
Pour du blé
S’il nous manque un coeur
On montre à la télé un
bébé
Il fait risette
Il a l'air heureeeuuux
Mais non
On n’enferme pas les
bébés
Dans des boîtes
T’es con
On n’est pas des monstres
On n’achète pas des
bébés
A prix coûtant
On les adopte
Pour rien du tout
Par amour
On ne fait pas des bébés
Pour les écraser
T’es fou
En bons exploitants
De capital
Humain
On est content
De les élever
Pour profiter des choses
On élève les
bébés
On produit plus
On consomme en somme
On vit plus longtemps
Arrête
On n’achète pas des jouets
Construits par des enfants
On achète des jouets
Made in China
Nicolas Kelig (septembre 2007)
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T'as pas compris, mais je sais que tu le
peux Jo'... allez, fais un effort quoi !
Tu vois pas que j'ai mon satellite qui
tourne autour du tien depuis des litres de temps ! Tu vois pas
ma crinière qui s'élance au vent quand je
m'égare dans tes roulements ?
Dis moi Jo' ? A quoi tu penses quand je te
dis "viens" ?
Tu vois pas que je suis là 24h/24,
que j'attends ton assistance. C'est pas tes dollars Jo' qui
m'attirent, c'est ton regard. Celui que tu poses sur moi quand
j'ai plus mes roues dans les tiennes. Celui que tu m'accordes
quand t'as pris froid, parce que t'aimes bien la couleur de mes
mains, la douceur de mes doigts. Mais tu vois rien, même
pas mes meules quand t'es sur la tienne.
Tu vois pas Jo', la vie qui file, vite,
vite, vite ... et moi qui suis toujours là, tête
dans le guidon, derrière toi, pour pas passer devant !
Alors écoute bien Jo', tu peux
encore croire que je vais te suivre, mais il faut quand
même que je t'explique une ou deux petites choses.
Ton X tout seul il n'est pas si fort que tu
crois, moi, des X, j'en ai deux, pas comme toi ! Oui ça
t'étonne Jo' ! Toi tu vis toujours au milieu du X
et du Y, c'est pour ça que tu sais jamais où
t'habites ! Tu joues les scoots, toujours prêt, toujours
là, t'es encore devant, et c'est vrai que ça me
plaît mais jusqu'à quand ?
Jo' t'es XY quand je suis double X, et
à nous deux on a du talent, alors garde ton inconnue,
moi la mienne, mais prête moi ton I grec, et partageons
ce X restant .....
Viens je t'emmène, viens dans mes
tours, je sais que tu peux Jo'
...................................
[Coupé]
Bon, on la r'fait, on avait vraiment
l'impression que tu t'adressais à ton mec toi ! J'te
rappelle que tu vends un scooter ok !! Tu lis ton texte et
ça ira bien !
p'tin c'est bien les filles ça !!
Faut toujours tout sacraliser, ça doit être dans
le gênes .....
Féekabossée (septembre 2007)
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Ce matin, avant qu'ils ne prennent la
route, un chat noir avait bondi sur le capot de la voiture.
Son regard jaune avait croisé le
leur et puis le vrombissement du moteur l'avait fait fuir.
Jean-François exécrait les
chats.
En décembre dernier, il avait
épousé Hélène, un petit rat de
l'Opéra.
La Ford Fiesta filait en direction de Lyon.
Pendant quinze jours, on y jouerait le Lac des Cygnes.
Foutu ballet bourré d'entrechats.
Elle dormait à ses
côtés, lovée sur le siège en cuir
rouge élimé comme la peau d'un tambour militaire.
Il regarda sa montre. Elle indiquait trois
heures. Du matin.
La voiture fit une embardée.
Il ouvrit les yeux. Une dernière
fois.
Un chat géant comme un camion.
Déchira l'affiche. Quatre mètres par trois,
sérigraphie trame quatre-vingt.
D'un coup de patte, le tigre de papier
envoya la Ford. Valser.
A dix ans, Jean-François en culottes
courtes à bretelles avait lancé dans la
rivière un sac grouillant de chatons, retirant à
chacun d'eux une vie. Ils en vivraient encore six.
Avant que la carcasse n'explose, il eut le
temps de songer qu'il n'en avait qu'une et qu'elle se
terminait. Là.
Hélène fit un dernier
entrechat par la vitre de la portière.
Pendant une fraction
d'éternité, il s'efforça d'aimer de toutes
ses forces ces saloperies de bestioles.
En vain. Une vie moins une vie n'en
donneront jamais six. C'est arithmétique.
Léo-Paul Richard (septembre 2007)
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je suis seul devant Plasma
son grand oeil liquide
sa matrice de lumière
sa bouche de désirs
je suis nu devant Plasma
sa zone érogène
son chant de nuit glacée
ses caresses de sirène
je deviens Plasma
un crédit fabriqué
un annonceur docile entre les mains d'une
poupée obèse
des années que multiplient des
chiffres abstraits
je suis les rêves
que sculpte Plasma
je suis Plasma
je deviens Moi
un écran de silence
dans la nuit des mots
un avaleur de jours
un avaleur de vie
Eric Dubois (septembre 2007)
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la joie dure peu, est cruelle une fois
partie, cruelle comme un tortionnaire abruti
mais la joie est grande
elle ouvre l'horizon, large plus que mille
mers
la force traverse l'espace, la
sainteté est ce que je suis
il n'y a pas de conflits, seulement une
force violente et douce
la nature, pour une fois, accompagne mon
être au lieu de l'ignorer ou de le rabaisser
les drogues sont inutiles
les combats sont anthologiques, ils sont
tous victorieux et douloureux
j'évolue oint de
crédibilité existentielle dans le réel
les filles ne sont ni accessoires, ni
essentielles, on verra demain
les animaux font leur besogne
spécifique
tout se relie grâce à ma
force, je donne à tout un peu de temps
et de beauté, même aux
fourmis, aux miettes de pain, aux boulons
et à la raclure de bidet
le christ qui ouvre les bras est beau et je
ne vois plus le sang percer ses fines mains
les porcs qui oublient tout, leur caracasse
est à l'équarissage, c'est bien!
tout est possible, rien n'est permis,
être à la hauteur disait-elle
et puis, si jamais t'embrasser, te baiser,
parcourir toute l'île
d'un coup en ignorant les flux et
l'utilitaire, hagard, au-dessus des besoins
la joie shoote aussi un peu, léger
mais pur c'est, carrément
C.M. Briseul (septembre 2007)
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T'as déjà été
en prison ?
Même visiter. Quelle impression cela
fait. Pieds qui collent, cinq mètres avant la sortie. Je
sais.
La grille. Les grilles, les marchands de
grille. Marchands de peur.
En ville, dans ma ville, je compte mes pas.
C'est tellement laid. Comme les chiens. Suivez ma trace. Les
urbanistes, et les municipaux ne savent pas. Où sont les
traces, où passent les vraies pistes. Pourtant, avare
des mes semelles, je ne traverserai jamais « le
synthétique » engrillé.
Préfère faire un détour, c'est plus long.
Oui, tu sais bien. Dans un rectangle, la somme du petit
côté et du grand est évidemment
supérieure à la longueur de la diagonale. Et
alors là, j'ai vu une fois, sur ce synthétique,
où les « jeunes du quartier » viennent jouer
au foot tous les jours et même tard le soir. J'ai vu une
fois une brave dame qui laissait son chien faire ses besoins
quelque part dans la surface de réparation. J'ai
trouvé cela choquant. Allons, madame ! Un peu de
respect, tout de même ! Une dame bien pensante,
probablement. Toujours engrillée, la scène. La
dame, avec son chien. Cela se passait en fin de matinée,
peut-être, ou vers 14 heures 30. Elle était seule.
Moi, l'observateur de la scène, je me tenais comme de
coutume à l'extérieur des grilles. Grilles ! Une
fois, voyant une démonstration pour une
télécommande permettant d'ouvrir et de fermer un
portail d'entrée à distance (comme dans Mon Oncle), avec ma
femme, nous nous étions dit que nous pourrions
peut-être déjà acheter un portail avec une
télécommande et que le reste de la maison
viendrait bien après, petit bout par petit bout. Elle
n'est pas venue. Nous n'avons pas acheté l'article.
Soutenez les marchands de maïs
grillé à la sauvage ! Sur une vieille roue de
bagnole, à Evry ! Les grilles et le petit poucet.
Bernard Louis Lallement (septembre 2007)
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