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                Béent, autour de bébé, 
                des couches et des couches. 
             
                Bébé en fait des tonnes, 
             
                des strates, des couches et des couches ; 
             
                sa merde 
                découche – pas seulement le 
                soir – 
                et au carotène elle détonne 
                sur blanc, 
             
                bébé-tout immaculé 
                à sa couche, 
             
                acculé à sa bouche, tube si 
                chair à maman. 
             
                Il en fait trop, des tonnes, 
             
                bébé emmerde en strates (du 
                mou, des liquides et de la carotte), 
             
                et des tonnes de petits pois – et 
                leur peau qui pèse, 
             
                et le poids des pots, des petits et des 
                gros. 
             
                D'la luxure anale tout en confettis. 
             
                Bébé emmerde et merde et 
                merde sans contrôle : 
             
                il a le siège auto aujour de 
                compotes, 
             
                les sphincters foudroyants et 
                irrépressibles, 
             
                plus encore : tout son moi est dans le 
                siège, 
             
                en mai il fait ce qui est blet, 
             
                en avril c'est son surmoi que ça 
                jaillit ; 
             
                c'est qu'au fil des couches on oublie ! 
             
                (On aurait tant aimé que ça 
                gicle sur son surlui). 
             
                Et pan ! Et paf ! Splash ! 
             
                D'onomatopées il n'en prend qu'les 
                pets et en continu ; 
             
                il vaque en aigu et nous mate aux pets 
             
                – ah ! mais le tube 
                raisonne d'anciens crémants ! 
             
                C’est que des ex, il n'a 
                qu'ça : 
             
                autour de bébé des couches de 
                couches 
             
                – certaines même 
                découchent de couches – 
                autour de bébé des couches de 
                merde, 
             
                des strates molles de carottes en flux 
             
                enrobées de voiles absorbants 
                superposés d'un poil trop odorant 
             
                – juste un poil mais toujours un peu 
                trop. 
             
                Stéphane Batsal (octobre 2007) 
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                Elle, regarde la comme elle est 
                belle !!! 
             
                Garance métallisée, 
                chromée, polie, lustrée à miracle, 
                superbement carrossée, bien campée sur ses quatre 
                roues caoutchoutées. 
             
                Ses beaux yeux en amande de verre : 
                code-phares… 
                Souriant d’un air conquérant 
                de toutes ses grilles inoxydées. 
             
                Elle, regarde la comme elle est 
                neuve !!! 
             
                Avec ses courbes ajustées 
                façon « streamlining » des 
                années folles, revisitées contemporain des 
                années molles, elle cache pudiquement ses chevaux sous 
                un capot éblouissant. 
             
                Toi, tu l’habites et tu frimes, 
                roulant au pas sur la Croisette, accoudée 
                négligemment à la portière, vitres 
                électriques teintées baissées, 
                l’index appuyé sur la commande d’ouverture 
                de la capote. 
             
                Cheveux de garçonne platine, frange 
                coupée ras. Ongles parfaits, carminés, assortis 
                à la carrosserie. Paupières fumées 
                derrière des Ray Ban vintage, dissimulant ton 
                dédain. 
             
                Au zéphyr insolent salé, 
                flotte ton carré hermès couleur 
                d’orchidée en colère, 
                imprégné d’un sublime nectar de 
                Vétyver… 
                Tu te la joue starlette, au ralenti sur la 
                Croisette. 
             
                Tes petites fesses rebondies haut 
                plantées, bien calées sur le cuir immaculé 
                des sièges, qui font aussi couchette. Hop ! 
                D’un simple coup de manette judicieusement 
                disposée… 
                Des fois que… On ne sait 
                jamais… 
                Quelques pastilles de menthe 
                échappées du paquet, parfument ta boîte 
                à gants, en grelottant à chaque virage ; 
                accompagnant une boîte de condoms… 
                Il y a aussi de ces petites sucettes 
                sphériques, acidulées, arôme lait-fraise, 
                dont tu raffoles… dans ta boîte à gants. 
             
                Il n’y a pas de gants dans cette 
                boîte, car tu conduis à mains nues, à cause 
                de tes ongles en résine de deux centimètres de 
                long. 
             
                D’ailleurs tiens, c’est 
                marrant, ils ont mis la même typo et les mêmes 
                couleurs que sur le papier de tes sucettes, youp, là, 
                boum ! Y’a d’la joie !!! 
             
                Salut Charles !.  
             
                Helloôôô Salvador ! 
             
                Tu te rappelles l’époque 
                où tu dessinais des emballages de sucettes. Tu te 
                souviens quand t’avais pas encore tes interminables 
                moustaches amidonnées de poisson chat. 
             
                Moi, j’emmène balader 
                Jean-Chri Zeller, le beau molosse tondu du bloc 
                « R », à l’œil 
                d’acier bleui comme son Mauser qui ne le quitte jamais.  
             
                Un mètre quatre-vingt quinze de 
                muscles et de nerfs précautionneusement assis sur le 
                cuir blanc de mon carrosse à gas-oil, comme quoi 
                même les brutes ont du savoir plaire !!! 
             
                Je le laisse conduire, me conduire : 
                parce que je l’aime, et qu’ y’a d’la 
                joie dans l’air… 
                Puis on roule à tombeau ouvert, vers 
                la Mer. 
             
                Non, vers l’Océan 
                Atlantique... On va rendre visite à Jean-Pierre. 
             
                Dans ses Landes lointaines, on mangera des 
                magrets fumés et des praires, 
             
                On ira faire de la planche à voile 
                sur le Lac d’Hossegor, puis ramasser des coquillages au 
                Pays Basque, dans lesquels on entendra la mer. 
             
                Il garera impeccablement la Pythie 
                Corsaire, sur le front de mer. 
             
                On baguenaudera et lèche-vitrinera 
                à Biarritz où on prendra des photos ringardes du 
                Rocher de la Vierge avec un appareil jetable acheté dans 
                un Monoprix. 
             
                Et on les enverra à tous ceux 
                qu’on déteste à Saint-Martin- 
                d’Hères. 
             
                Ils se reconnaîtront parce 
                qu’ils sont divers !!!! 
             
                Allez ! Viens Monica-Lou, ma si 
                chère, 
             
                Que je t’embarque, sans en avoir 
                l’air, 
             
                Dans ma Chrysler à mazout qui 
                augmente l’effet de serre, 
             
                Tant pis pour vous, si y’a d’la 
                crise dans l’air 
             
                Puisque c’est gratuit, on s’en 
                fout et on n’en a rien à faire, 
             
                Tant qu’au moins y’a d’la 
                joie dans l’air !!!! 
             
                Aubazine Saxett (octobre 2007) 
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                45ème Donateur : Jean-François Magre  
             
                De l’endroit où ce cadre est 
                disposé on ne saura rien. Comme on ne peut rien savoir 
                du décor devant lequel un otage, avec les mains 
                attachées derrière le dos et une barbe que dans 
                d’autres lieux, dans le cours normal de sa vie, il 
                n’aurait jamais laissé pousser, doit lire sous la 
                contrainte un message de ses ravisseurs. L’image 
                diffusée sur les télévisions du monde 
                entier, souvent de médiocre qualité, aplatit 
                toutes ses composantes. Le corps ramassé de 
                l’otage fait allégeance, le mur nu ou un grand 
                tissu suspendu, parfois recouvert d’inscriptions, 
                l’absorbe, sa voix articule consciencieusement le message 
                tenu entre les mains, ne semble pas le contredire, mais le 
                visage est comme brouillé, comme détaché 
                de cette voix, on ne sait s’il bouge effectivement les 
                lèvres ou si ce ne sont que les trames qui tremblent. 
                Parfois un morceau de métal entre et sort du champ 
                à la hauteur de sa tête. 
             
                Le cadre détourant l’affiche 
                gondolée servant de support à l’image 
                publicitaire est posé sur une sorte de marche, mais elle 
                n’ouvre sur aucun passage. On peut apercevoir un peu plus 
                de mur dans d’autres 
                « réalités ». Juste devant 
                est pendue cette ampoule nue. Elle est toujours là, 
                parfois décalée jusqu’au bord du cadre, 
                parfois éteinte. Elle pend comme dans un sous-sol 
                quelconque, une prison, un local à poubelle, une cave, 
                ces endroits où s’entassent les cartons remplis de 
                vieux vêtements, les meubles passés, des 
                paperasses. Une vague mémoire héritée 
                d’images vues à la télévision nous 
                revient, de recel et de corps au vitriol, de réunions 
                secrètes et de rats, de tournantes et de cadavres, de 
                cornières tordues et de mob sans roues. La 
                lumière crue souligne ses plis, les traces de son 
                enlèvement peut-être, alors elle se met à 
                parler, sans broncher. Tout ce qu’elle contient se 
                prête avec une facilité désespérante 
                au détournement, à la blague, comme si elle avait 
                prévu de se trahir, elle nous en donne pour notre 
                argent. Il n’y a aucun mérite à relever la 
                contrepèterie évidente « Bois du 
                Muffle », ni à vanner sur le plan à 
                trois auquel ce canapé semble nous inviter, ni à 
                philosopher sur l’étrange motif code barre du 
                coussin. C’est effectivement du « tout 
                cuit ». Le ravisseur devrait la relâcher et la 
                laisser finir de croupir dans la rue ou le couloir de 
                métro dans lequel il l’a ramassé. 
             
                Jean-François Magre (octobre 2007) 
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                46ème Donateur : Alexeï Nilytch Kirillov  
             
                Le beau jour mon amour. A 
                Chambray-lès-Tours Le bel 
                appartement ce matin qu’elle choisit. c’est jour de marché tu sais. Que nous choisissions. Mon chéri, j’acquis de beaux fruits et Le bonheur de ce putain d’esprit du sud 
                 légumes, regarde qu’elle me vante chaque jour. le beau panier La 
                belle maison que je rapporte dans le beau lotissement.. La vue imprenable L’esprit sud sur 
                les blancs immeubles mon coeur, il 
                est dans l’éclat de ces légumes récemment construits sur l’avenue. que tu vois, Sûr 
                pour aller à la Grange aux meubles, là, dans ce panier 
                c’est pratique,. Il 
                était beau le marché c’est 
                tout droit. ce matin, tu sais, Elle avec tous ces 
                étals achalandés, toutes ces couleurs et sa chierie chatoyantes 
                de marché primeur, que sont ses putains 
                de fleurs les produits et moi qui de notre 
                région tourangelle suis 
                incapable de. Tu sais mon beau me bouger le cul. 
                Avachi sur le tapis beige quand en canisse j’achetais 
                de quoi te préparer des poires et pommes tapées, 
                comme qu’elle souhaitait, tu les aimes tant 
                pour protéger le parquet flottant si propre, sans 
                rayure ;, je croisais mon avilissement tout entier. Michel, tu sais bien, le Brigadier-chef de notre police 
                municipale, il effectuait Ses 
                fleurs à la con, sa 
                tournée matinale je pourrai , il me recommandait bien les lui foutre au cul. C’est pas plus idiot que de ne pas oublier de 
                lui ficher un colin vivant dans le rectum. de te saluer. Respire Peut-être, 
                un peu ces légumes mon 
                trésor. Sens toutes ces bonnes choses que je pourrai lui écraser la gueule je vais contre les 
                belles briques rouges tellement authentiques de nos murs. te préparer ce soir. J’achetais J’imagine un peu aussi ces belles dents, des fleurs la 
                blancheur éclatante mon 
                aimé, pour toi, pour nous, de belles blanches et le contraste immédiat et pures avec les 
                poussières marguerites pour 
                notre maison des briques et le 
                sang.. Tu ne trouves pas Les craquements des dents mon trésor et de la 
                mâchoire qui cèdent des contacts 
                répétés contre le mur. qu’elles siéent avec notre beau 
                logis ? Peut-être, C’est beau je pourrai enfin lever Le secret du bien-être, le nôtre, mon cul il se trouve de ce con de parquet et. là l’étouffer 
                dans les beaux coussins lové trop propres du canapé. dans les fruits et légumes de ce panier 
                comme L’assommer les fleurs, les cinq et épanouies 
                marguerites dans le grand vase sur la jolie table la retourner l’enculer, aux angles arrondis et virer 
                ces beaux mocassins légers qu’elle m’offrait. près de la cheminée Ou simplement engueuler un peu la femme de 
                ménage de notre si bel 
                appartement ; je suis tellement heureuse, lui demander de cesser de faire briller le parquet,, mon précieux 
                ma tête, son regard dans mes yeux, je ne peux plus les 
                voir., de ce beau logis que nous 
                aménagions pour notre bonheur. Je vais faire ça, Le 
                calme et repasser ma chemise pour 
                demain et l’apaisement des 
                coloris clairs et ne pas oublier de 
                mettre un savon à Conchita. crèmes de nos meubles, ceux que nous 
                choisissions tous les deux pour notre bonheur. 
                Alexeï Nilytch Kirillov (novembre 
                2007) 
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